Recherche
Tisser la créolité
Sénégal, Ghana
Octobre - décembre 2024
Après mes études en arts appliqués, où j’ai appris la technique du tissage, j’ai ressenti le besoin de découvrir cette pratique sous un angle plus traditionnel, au-delà de la dimension purement expérimentale à travers laquelle je l’avais toujours abordée.
Les questions d’identité soulevées lors de l’écriture de mon mémoire en 2022 ont fait naître en moi la nécessité de poser les pieds sur l’un des territoires qui composent ma culture afro-caribéenne : l’Afrique.
Impossible de localiser précisément les lieux où ont vécu celles et ceux qui m’ont précédée, alors j’ai choisi de me laisser guider par l’intuition. Le Sénégal s’est imposé comme une évidence. Puis le Ghana m’a attirée à son tour, avec ses tissus akan et la richesse de ses savoir-faire.
J’ai entrepris un voyage en solitaire de deux mois, au cours duquel j’ai croisé la route d’autres esprits curieux.
Justine, une artiste avec qui j’ai exploré la Casamance au Sénégal pendant une semaine.
Et Johanna, designer textile également en recherche, rencontrée à Wa, durant ma résidence à la Nubuke Foundation au Ghana. Ensemble, nous avons poursuivi le chemin à travers plusieurs villes pour explorer les techniques textiles locales.
Ce voyage marque la première étape de ma recherche : comment tisser la créolité.
Mon objectif était de comprendre le lien qu’entretiennent les habitants avec leurs tissus et leurs techniques traditionnelles, face aux alternatives plus discutables aujourd’hui présentes sur le territoire : les tissus imprimés imitant une esthétique africaine développée hors du continent (le wax venu d’Europe, les imitations produites en Chine), ou encore les vêtements de seconde main importés d’Europe.
J’ai échangé avec des couturiers, créateurs et tisserands, et pris le temps de m’imprégner de ces environnements nouveaux. J’ai même eu la chance d’apprendre auprès de Shalut, une tisserande béninoise installée dans le nord du Ghana.
Très vite, j’ai réalisé que le tissage, ici, n’était pas un geste de perpétuation consciente des traditions, débarrassé de toute idéalisation, mais un geste de survie, un moyen de nourrir sa famille avant tout. C’est cette nécessité, avant la symbolique, qui perpétue la pratique, de plus en plus rare face à des métiers perçus comme moins pénibles.
Aujourd’hui, j’entame la seconde partie de Tisser la créolité : une recherche sur la manière dont je peux définir, par moi-même, mes multiples ancrages culturels à travers le textile.
Ce projet à été soutenu par la Préfecture de la Guadeloupe et la Direction des Affaires Culturelles
Apprenties tisserandes à l’atelier de Winnifred, Nord du Ghana, 2024.
Fileuse de coton, Nord du Ghana, 2024.
Shalut (tisserande) et moi, Nord du Ghana, 2024.
Notes sur carnet de recherche, 2024.
Paco (couturier) et moi, Dakar, Sénégal, 2024.
Notes sur carnet de recherche, 2024.